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Message  MARMARA Lun 8 Juin - 7:44

Risques majeurs : un Pavillon Orange®️ pour anesthésier les consciences

Jusqu’ici, tout va de mieux en mieux
mardi 2 juin 2009
par Olivier Vermert

Un "Haut Comité Français pour la Défense Civile" vient de labelliser Toulon pour ses efforts en « termes de sauvegarde et de protection des populations face aux risques et menaces majeures ».
Divine surprise ? Pas vraiment. Pour obtenir le "Pavillon Orange", il faut se porter candidat. La procédure d’attribution est automatisée et payante, les résultats n’engagent pas la responsabilité du Haut Comité. Cette rigueur force le respect. Autant dire que la populasse peut continuer de dormir tranquille.

LE 25 mai dernier, le Haut Comité Français pour la Défense Civile remettait « aux premières communes labellisées le fanion et le diplôme du Pavillon Orange®️ ».
Objet : récompenser « les communes qui répondent à un certain nombre de critères en termes de sauvegarde et de protection des populations face aux risques et menaces majeures, et qui ont notamment réalisé un Plan Communal de Sauvegarde » [1].

Une semaine plus tard, Var matin célèbre l’évènement : « Un label pour protéger les habitants et prévenir les catastrophes [...] [Les] efforts [de la Ville] sont aujourd’hui récompensés [...] Pour ce label, Toulon a obtenu une note maximum que savoure le maire Hubert Falco : 94,50% ».

Document PDF - 459.3 ko
Var matin, 31 mai 2009

Pourtant, Toulon est parmi les villes les plus dangereuses de France. Pas au regard de l’insécurité dans les cours d’école (celle qui préoccupe notre gouvernement à tel point que, bientôt, on enverra le GIGN dans les haltes-garderies pour des expéditions punitives). Non, le danger dont il est ici question est bien relatif aux risques majeurs, liés pour l’essentiel à l’activité militaro-industrielle.
Le pire n’est jamais sûr

L’arsenal de Toulon a déjà vu l’explosion de sa poudrière en 1899. Une soixantaine de morts, des blocs de roche retrouvés deux kilomètres plus loin, une déflagration ressentie jusque dans le Haut Var. Cent dix ans plus tard, le site de Lagoubran est toujours dédié aux activités pyrotechniques et au stockage des armes, il y a juste un peu plus d’habitants alentour [2].

Toulon, c’est aussi cette ville qui se développa, à l’Ouest, dans le lit majeur d’une rivière détournée par Vauban. Depuis 1913, année de sa construction, la vallée du Las est menacée par la rupture du barrage du Revest. Au fil des ans, on y a pourtant installé des établissements scolaires, l’entrée d’une traversée souterraine réputée non inondable, un complexe sportif de 5000 places, et l’intégralité de l’activité nucléaire locale.

À ce propos, justement. Il n’y a pas beaucoup de villes en France, et encore moins d’agglomérations de 500.000 habitants, qui peuvent s’enorgueillir d’une activité nucléaire en leur centre. La "piscine" [3], les embarcadères des 6 SNA [4] et celui du Charles de Gaulle [5] sont situés à quelques centaines de mètres de l’Hôtel de ville où flotte désormais le sympatoche "Pavillon Orange®️".

Ici, quand on veut se faire peur, on pronostique l’initiative d’un terroriste qui pourrait ajuster un tir de roquette vers l’arsenal depuis les pentes du mont Faron : dégâts ciblés pour une émission radioactive maximale. Improbable ? Disons, pas plus improbable que l’appontage d’un parapente sur le porte-avions Clemenceau, pourtant réussi par un militant de Greenpeace en décembre 2005. Mais chut ! Ne donnons pas de mauvaises idées aux vilains mal intentionnés. N’allons pas leur indiquer que la topographie "confidentiel Défense" de l’arsenal est accessible à tout un chacun via les photos satellites de Google maps, par exemple.
La sécurité, c’est simple comme un clic

Toulon est donc cette ville qui se trouve aujourd’hui récompensée par un pavillon orange trois étoiles, avec Tours, Saint-Étienne et Gonfreville l’Orcher. Oui madame. Gonfreville l’Orcher.

Le Haut Comité Français pour la Défense Civile, qui délivre le label, est une association Loi 1901 « qui participe à la réflexion sur la doctrine, l’organisation et les techniques de notre pays en matière de sécurité globale et de défense civile. Ses activités visent notamment à soutenir l’élaboration d’une Défense civile moderne, tant dans ses objectifs que dans ses capacités, et prenant en compte les menaces et risques actuels et futurs qui pèsent sur la sécurité des citoyens ».
Le HCFDC est totalement indépendant comme il se doit, financé par l’État à hauteur de 25% seulement, un autre quart des ressources provenant des cotisations de membres neutres et désintéressés parmi lesquels la DGA, EADS, Thalès, DCNS, Sanofi, Eurosatory, Sagem sécurité, EDF, GDF Suez, le groupe INTRA, et même Eurodisney. Sinon, pour ramener de la fraîche, les experts du HCFDC peuvent organiser des colloques, séminaires et « petits déjeuners » avec croissants croustillants et jus d’oranges fraîchement coupées.

Entre autres trophées de bonne conduite, le HCFDC a inventé ce "Pavillon Orange®️ pour la sauvegarde des populations". Son obtention est automatisée, à défaut d’être tout à fait automatique.

D’abord, la commune doit se porter candidate. Après avoir rempli la fiche d’inscription sur Internet, elle devra s’auto-évaluer, toujours sur Internet, c’est-à-dire vérifier si elle est en mesure de recevoir le pavillon. Si l’autoévaluation s’avère positive, il suffira de payer la somme demandée pour obtenir le label. Il en coûtera ainsi 1500 euros au contribuable toulonnais, puis 750 pour le renouvellement annuel.

Art 3 – Délivrance du label

Le Pavillon Orange®️ est attribué après avoir satisfait aux conditions suivantes :

1. Etre une personnalité morale de droit public : commune ou intercommunalité (EPCI) et s’être enregistré sur le site www.pavillon-orange.org en remplissant intégralement les informations demandées.
2. Remplir en ligne le questionnaire correspondant et obtenir le nombre de points minima requis pour l’obtention du Pavillon Orange®️. Ce nombre de points est calculé par le logiciel du questionnaire et annoncé de manière transparente et gratuite.
3. S’être acquitté du montant correspondant au tarif en vigueur pour l’obtention du Pavillon Orange®️ par paiement en ligne, mandat administratif, ou par chèque bancaire.
4. Avoir déclaré sincères et véritables les réponses et informations fournies dans le cadre du questionnaire Pavillon Orange®️ et engagé de ce fait la responsabilité personnelle du signataire du questionnaire, qui doit être un élu : Maire ou conseiller municipal en charge, ou un fonctionnaire territorial ayant délégation de signature pour ce faire (le Président de l’EPCI ou son représentant légal pour les intercommunalités).

Art 5 – Responsabilité liée au label

En souscrivant au Pavillon Orange®️, la commune (ou intercommunalité) et son représentant légal s’engagent à déclarer sincères et véritables l’ensemble des réponses apportées au questionnaire rempli en ligne sur le site www. pavillon-orange.org .

La responsabilité du HCFDC ne saurait être engagée auprès des tiers pour une attribution du Pavillon Orange®️ sur des déclarations fausses ou erronées.

Elle ne saurait également être engagée vis-à-vis de tiers sur l’attribution du Pavillon Orange®️ comme garantie d’efficacité de la réponse de sécurité civile d’une commune.

L’attribution du Pavillon Orange®️ ne préjuge pas des capacités d’une collectivité à faire face à des catastrophes de toutes natures.

[...]

Source

Récapitulons. Le Haut comité ne bouge pas une oreille pendant la procédure, il ne peut même pas être tenu responsable dans le cas d’une attribution sur de fausses déclarations.

Étudions le fond, maintenant qu’on sait que l’obtention du label « ne préjuge pas des capacités d’une collectivité à faire face à des catastrophes de toutes natures ».

Critères d’attribution du Pavillon Orange®️

Le Pavillon Orange®️ est décerné à toute commune qui répond à un certain nombre de critères en termes de sauvegarde des populations. On distingue :

* Les critères impératifs :

o Avoir établi un Plan Communal de Sauvegarde (PCS) et un DICRIM
o Avoir approuvé le PCS par arrêté municipal et l’avoir transmis à l’autorité préfectorale
o Avoir prévu un poste de commandement communal en cas de sinistre
o Connaître, pour le Maire, ses obligations en matière de direction des opérations de secours

* Les critères complémentaires comme, par exemple :

o La formation des élus et personnels communaux à la gestion de crise
o Les exercices effectués et la formalisation des retours d’expérience
o L’implication des populations concernées et la connaissance des gestes de sauvegarde
o Le souci de l’information du public
o L’accessibilité aux informations sur les risques majeurs et les comportements à tenir

Source

Oui, Toulon a bien pondu un Dossier d’Information Communale sur les RIsques Majeurs. Oui, il paraît que pour la gestion des risques, Hubert Falco a un plan. Si en plus, « il connaît ses obligations », c’est génial. Précisons toutefois que l’élaboration du DICRIM et celle du PCS sont imposées par la Loi [6]. Il n’y a donc aucune gloriole à en tirer, surtout quand on poursuit l’urbanisation dans des périmètres de sécurité (un complexe sportif de 5000 places, c’est pas franchement une baraque à frites).
Concernant l’implication des populations : tout baigne, puisque depuis la mise en service du premier SNA en 1983, Toulon a eu droit à un — UN — exercice engageant les civils (sans interrompre la circulation sur l’autoroute qui traverse la zone parce que tu comprends, ça fait des embouteillages).
Enfin, il ne fait aucun doute que la mairie est soucieuse d’informer le public — surtout quand elle obtient le pavillon Orange®️.

Bref. On l’aura compris, ce label avec le ®️ derrière n’est qu’un outil de propagande supplémentaire à l’usage du pouvoir.

Pour vraiment organiser « la sécurité et la protection » des Toulonnais, il n’y a pas trente-six solutions : soit on déménage la pyrotechnie et l’activité nucléaire, soit on orchestre l’exode de quelques centaines de milliers de personnes. Entre le fatalisme et les fanfaronnades, il y a un monde. Sur le chapitre des risques majeurs, la pudeur recommanderait à la classe politique toulonnaise de faire profil bas.
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[1] Présentation sur le site officiel.

[2] À la lecture de cette page, on apprend que l’arsenal abriterait pas moins de trois sites classés "Seveso seuil haut", ce qui est pertinent mais étrange dans la mesure où les domaines militaires ne semblent toujours pas légalement concernés par la directive. Voir aussi le recensement des établissements.

[3] « Bassin rempli d’eau destiné à l’entreposage, au transit, à la manipulation de matières et d’équipements radioactifs, et qui assure la protection des personnes et l’évacuation de la chaleur. Note : Si la fonction principale est l’entreposage en attente d’une décroissance radioactive suffisante, on précise qu’il s’agit d’une piscine de désactivation ». source : CNRS.

[4] Sous-marins Nucléaires d’Attaque à propulsion nucléaire : un réacteur chacun.

[5] Deux grosses hélices, deux réacteurs nucléaires.

[6] Pour toutes les villes inscrites dans le DDRM (Dossier Départemental sur les Risques Majeurs), et soumises à un PPI (Plan Particulier d’Intervention). C’est bien sûr le cas de Toulon.

(source : cuverville)

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